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Affichage des articles associés au libellé Debruynne Jean

Je marcherai - Jean Debruynne

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Je marcherai sous le soleil trop lourd, sous la pluie à verse ou dans la tornade. En marchant, le soleil réchauffera mon cœur de pierre ; la pluie fera de mes déserts un jardin. A force d'user mes chaussures, j'userai mes habitudes. Je marcherai et ma marche sera démarche. J'irais moins au bout de la route qu'au bout de moi- même. Je serai pèlerin. Je ne partirai pas seulement en voyage. Je deviendrai moi-même un voyage, un pèlerinage.

Texte : Naître - Jean Debruynne

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  Naître, c'est oser, C'est prendre le risque, C'est quitter la terre ferme, C'est ne pas savoir à l'avance Ce qu'il y a devant, C'est accepter l'inconnu, L'inattendu, L'imprévu et la rencontre. Naître, c'est quitter son abri, C'est essuyer le vent de face Et porter le soleil sur son dos. Naître, c'est avoir trop froid Et trop chaud. Naître, c'est n'avoir plus d'autre maison Que le passage...

L'attente de l'Avent - Jean Debruynne

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Dieu, tu as choisi de te faire attendre tout le temps d’un Avent. Moi je n’aime pas attendre dans les files d’attente. Je n’aime pas attendre mon tour. Je n’aime pas attendre le train. Je n’aime pas attendre pour juger. Je n’aime pas attendre le moment. Je n’aime pas attendre un autre jour. Je n’aime pas attendre parce que je n’ai pas le temps et que je ne vis que dans l’instant. Tu le sais bien d’ailleurs, tout est fait pour m’éviter l’attente : les cartes bleues et les libres services, les ventes à crédit et les distributeurs automatiques, les coups de téléphone et les photos à développement instantané, les télex et les terminaux d’ordinateur, la télévision et les flashes à la radio… Je n’ai pas besoin d’attendre les nouvelles : elles me précèdent. Mais toi Dieu, tu as choisi de te faire attendre le temps de tout un Avent, parce que tu as fait de l’attente l’espace de la conversion, le face à face avec ce qui est caché, l’usure qui ne s’use pas....

Résister - Jean Debruynne

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- Photo "Lucarne à Sarny" de Gilles Péris y Saborit -  Résister c’est s’obstiner à regarder un bout de ciel même s’il est gris ou noir, Même s’il tient dans un mouchoir de poche, incarcéré entre des murs trop hauts. Résister, c’est ne jamais renoncer à guetter le soleil par l’ouverture d’une bouche d’égout. Résister, c’est être assez têtu pour voir se lever le jour derrière les barbelés.

Texte : Repartir - Jean Debruynne

Repartir, ce n'est surtout pas revenir sur ses pas, Repartir, ce n'est pas faire marche arrière. Ce n'est pas revenir à son point de départ. Repartir, ce n'est pas faire demi-tour en effaçant les traces de ses propres pas. Jamais tu ne repars comme tu es arrivé. Jamais tu ne reviens comme tu es parti. Jamais tu ne rentres comme tu es sorti. Le voyage te change Le voyage n'a pas été seulement celui des kilomètres et des semaines. Celui qui repart se remet en cause, il se remet en histoire et en route. Il renonce à rentrer dans ses pantoufles et ses habitudes. Repartir, c'est affirmer que l'avenir existe, puisqu'on y va. C'est croire qu'il existe un possible, puisqu'on y part. Repartir, c'est prouver que tout n'a pas été dit. Repartir, c'est croire qu'il existe encore un chemin, il est celui du cœur. Repartir, ce n'est pas rapporter des souvenirs, mais des projets. Repartir, ce n'est pas retrouv...

Intolérance... - Jean Debruynne

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Ils n'aimaient pas les rouges ils n'aimaient pas les Noirs ni les gens quand ils bougent ni les gens du manoir. Ils n'aimaient pas les Jaunes Ils n'aimaient pas les Juifs Ils n'aimaient pas la faune de Barbès ou de Villejuif. Ils n'aimaient pas les Yougoslaves les Arabes et les chômeurs les clochards et les épaves les drogués et les fumeurs. Ils n'aimaient pas ce qui dérange l'imprévu de l'actualité ni l'étranger, ni l'étrange ils n'aimaient pas la liberté. Ils n'aimaient pas tout ce tapage ils n'aimaient pas les immigrés les jeunes avec leurs langages les panthères et les rockers tigrés. Ils n'aimaient pas les peaux d'épice des Antillais ou Algériens. Ils n'aimaient pas rendre service mais ils savaient aimer leurs chiens...

Prière : Devant la crèche - Jean Debruynne

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Comment peux-tu ? Comment, toi Dieu qui es si grand, peux-tu soudain être un si petit enfant ? Comment, toi Dieu qui es à l’infini, peux-tu être aussi proche de moi qu’un nouveau-né qu’on berce dans ses bras ? Comment, toi Dieu qui es mon Père, peux-tu soudain être mon frère ? Comment, toi Dieu qui es Dieu, peux-tu soudain être un homme ? J’ai beaucoup retourné ces questions dans ma tête sans jamais y trouver de réponse. Je ne saurai donc jamais comment… Mais à Noël au lieu de me dire comment, mon cœur m’a dit pourquoi. Il m’a dit : il n’y a que l’Amour ! Amen ! _________________________ Tableau "La nativité" de Boucher

Texte : Pâques - Jean Debruynne

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Celui qui regarde vers Pâques porte sa croix comme une femme porte son enfant car Jésus fait de sa croix une naissance. Il porte sa croix comme un arbre porte du fruit car Jésus fait du bois mort un printemps.  Il porte sa croix comme chacun porte son nom car Jésus fait de sa croix le nom de son amour. Il porte sa croix comme un livre porte un titre, car Jésus fait de la croix le titre des chrétiens. Il porte sa croix comme un facteur porte le courrier, car Jésus fait de la croix la bonne nouvelle que la mort est morte. Il porte la croix comme on porte la tête haute, car, avec sa croix, Jésus ressuscite la dignité de l’homme. Il porte sa croix comme on porte la contestation, car Jésus fait de sa croix un signe de contradiction. ____________________ Photo :  Croix de la résurrection

Texte : Résister - Jean Debruynne

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Résister c’est s’obstiner à regarder un bout de ciel même s’il est gris ou noir, Même s’il tient dans un mouchoir de poche, incarcéré entre des murs trop hauts. Résister, c’est ne jamais renoncer à guetter le soleil par l’ouverture d’une bouche d’égout. Résister, c’est être assez têtu pour voir se lever le jour derrière les barbelés. Photo : Fleur de désert

Texte : Partir - Jean Debruynne

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  Si je vais partir,  c'est que je suis déjà parti. Dès l'instant où j'ai pu m'arracher à moi-même cette décision de partir, mon départ a déjà eu lieu. Le plus dur n'est pas de partir, mais de le vouloir. Toutes les raisons sont bonnes pour ne pas partir : le cœur a ses habitudes, l'âme ses tranquillités, le corps ses fatigues, les yeux leur horizon et le visage son cercle. Il n'existe donc pas de départ sans séparation. Le départ est donc toujours un acte créateur. Il rend possible.  Il ouvre un espace. Accepter de partir, c'est accepter qu'il soit un avenir. C'est reconnaître que tout n'a pas été dit. C'est affirmer que notre monde  n'est pas notre prison, et que notre temps n'est pas sans issue. Partir c’est toujours aller au bout de soi-même pour en reculer la frontière. Photo : Dune

Citation : Productivisme - Jean Debruynne

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- Enfant au travail - photo de Issouf Sanogo - En choisissant la productivité, notre société pratique la religion des sacrifices humains. Nous n'avons ni Baal, ni Moloch, mais nous avons des bénéfices. Notre société ne peut vivre qu'au prix d'énormes sacrifices humains offerts sur l'autel du profit. _________________________

Texte : Le temps trop plein - Jean Debruynne

Est-ce parce qu’il est trop rempli Que le temps de vivre est en folie ? Est-ce parce qu’il est trop plein à craquer D'agitation, de précipitation, D'occasions manquées, d’événements, d’énervements, de bavardages, De bruits et de remue-ménage ? Est-ce parce qu’il est trop rempli, Que le temps de vivre nous paraît si vide ? N’est-ce pas plutôt un bon prétexte Pour nous cacher la peur, Un bon alibi pour nous cacher le face-à-face, Eviter d’avoir à nous croiser nous-mêmes, Fuir devant son ombre, Eviter d’avoir avec soi rendez-vous… N’est-ce pas plutôt parce qu’il est vide Que le temps de vivre est si rempli ?

Texte : Paix à toi - Jean Debruynne

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- Photo sur le site "Istyablog" - Paix à toi, le pauvre à bout de souffle, C’est l’Amour qui parle en toi. Paix à toi, le cœur amoureux, C’est l’Avenir qui frappe en toi. Paix à toi qui cries, C’est l’Espérance qui crie en toi. Paix à toi qui as mal au ventre de Justice, C’est le désir qui t’affame et t’assoiffe. Paix à toi, le cœur battant, C’est la tendresse qui tisse en toi. Paix à toi, le veilleur, C’est le jour qui se lève en toi. Paix à toi, l’ingénieur de paix, C’est Dieu qui emprunte ton visage. Paix à toi, le torturé de Justice. Tu es libre.

Texte : Vacances ? - Jean Debruynne

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- Photo "Rando Liberté" du site "Terre d'aventure - Que vous partiez ou non en vacances, n'oubliez pas que le mot vacances vient de vacant qui veut dire vide, libre. Pendant ces vacances, soyez donc "vacants", libres et disponibles. Ne soyez plus pressés ou affairés. Détachez-vous de vos problèmes et attachez-vous à vous-mêmes. Regardez-vous avec des yeux différents, avec ces yeux de soleil et de ciel où vous vous reconnaîtrez aimés de Dieu.

Texte : Petit enfant, petit enfant - Jean Debruynne

Petit enfant, petit enfant, c'est notre avenir que tu tiens dans les boutons en fleurs de tes mains. Petit enfant, petit enfant, tes grands yeux découpent les fenêtres par où l'avenir va nous naître. Petit enfant, petit enfant, toi si petit, tu es déjà si grand puisque à l'avenir tu sera notre grand parent...

Texte : Ma parole crée l'autre - Jean Debruynne

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- "Confidences" d'Auguste Renoir - Ma parole crée l'autre, c'est mon pouvoir et ma blessure Je peux faire l'autre comme on fait des garnisons, Des disciples ou des fidèles bien alignés dans mes systèmes. Je peux faire l'autre comme on fait des exclus, des marginaux, Des murs et des cloisons contre qui j'appellerai les flics et les prisons. Ma parole peut aussi faire l'autre comme un homme. Mais dès lors que je l'ai reconnu, Il se lève debout et marche libre. Je crée l'autre mais c'est lui qui me fait exister Car la parole est toujours une parole dépossédée. Croirai-je jamais assez que la parole de l'autrepuisse me construire ? Dans la parole, nous sommes trois : Toi qui me parles, moi qui t'écoute, et la parole qui est aussi quelqu'un.

Texte : La paix est un travail - Jean Debruynne

La paix aurait pu être une fleur sauvage de ces fleurs des champs que nul ne sème ni ne moissonne. La paix aurait pu être une de ces fleurs des prés que l’on trouve toute faite un beau matin au bord du chemin, au pied d’un arbre ou au détour d’un ruisseau. Il aurait suffit de ramasser la paix comme on ramasse les champignons ou comme on cueille la bruyère ou la grande marguerite. Au contraire la paix est un travail c’est une tâche. Il faut faire la paix comme on fait le blé. Il faut faire la paix comme il faut des années pour faire une rose et des siècles pour faire une vigne. La paix n’existe pas à l’état sauvage : il n’y a de paix qu’à visage humain.

Prière : Seigneur, si tu passes par là - Jean Debruynne

Seigneur, si Tu passes par-là, viens chez moi, entre donc. Mais il vaut mieux que tu saches : tu trouveras sûrement ma porte fermée. J'ai toujours peur, alors je mets le verrou. Mais Toi Tu sais bien comment entrer, surtout quand ma porte est fermée. Tu arrives à passer même quand il n'y a pas de porte. J'aime mieux Te dire, Seigneur, si Tu viens chez moi, Tu ne trouveras pas grand-chose. Si Tu veux de l'amour, il vaudrait mieux que Tu en amènes. Tu sais, mon amour à moi, il est plutôt rassis, ce serait mieux que tu en apportes du frais. Emballe-le bien en le transportant, c'est si fragile l'amour ! Si tu avais aussi un peu d'espérance, de la vivace, de celle de ton jardin, ce serait bien d'en prendre un bouquet. J'en ai tant besoin pour fleurir mon regard. Et si encore tu avais un peu de foi pour moi, rien qu'un peu, pas plus gros qu'un grain de moutarde, alors je déplacerais les montagnes. Amen. 

Texte : Au pied du mur - d'après Jean Debruynne

Il y a des murs partout, des, des murailles, des remparts, des forteresses. On dit que c'est pour se protéger mais c'est pour s'enfermer. Qui est le prisonnier ? Celui qui est derrière les murs avec son coeur libre, ou celui qui est dehors le coeur enchaîné aux affaires ? Il y a des murs de mépris... Il y a des murs de la honte... il y a des murs qui écrasent... Il y a le mur de l'argent... Le mur écrit de cris... Le mur où il est défendu de déposer les ordures mais où les hommes sont bien obligés de se poser parce qu'ils n'ont nulle part ailleurs pour dormir... Les murs tristes qui font le tour des banlieues, le béton sans visage qui dresse des tours et des barres, longues, si longues que de loin, elles ressemblent à des cercueils... les murs où les chiens aboient pour cause de propriété privée, de chien méchant... Le mur du savoir avec tous ceux qui n'ont jamais eu le droit d'y entrer et qui n'ont appris ce qu'ils...

Citation : Vivre - Jean Debruynne

Vivre n'est pas un capital que l'on possède, c'est une naissance qui nous habite. Il faut accoucher de sa propre vie. ____________________________