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Affichage des articles du mars, 2023

Je n'aime pas la guerre - Jean Giono

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  Je n'aime pas la guerre. Je n'aime aucune sorte de guerre. Ce n'est pas par sentimentalité. Je suis resté quarante-deux jours devant le fort de Vaux et il est difficile de m'intéresser à un cadavre désormais. Je ne sais pas si c'est une qualité ou un défaut : c'est un fait. Je déteste la guerre. Je refuse la guerre pour la simple raison que la guerre est inutile. Oui, ce simple petit mot. Je n'ai pas d'imagination. Pas horrible ; non, inutile, simplement. Ce qui me frappe dans la guerre ce n'est pas son horreur : c'est son inutilité. Vous me direz que cette inutilité précisément est horrible. Oui, mais par surcroît. Il est impossible d'expliquer l'horreur de quarante-deux jours d'attaque devant Verdun à des hommes qui, nés après la bataille, sont maintenant dans la faiblesse et dans la force de la jeunesse... Vous ne pouvez pas leur prouver l'horreur. Vous n'avez plus rien à votre disposition que vo

L'histoire du papillon - Anonyme

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  Un homme observait un papillon s’efforçant de sortir de son cocon par le petit trou prévu à cet effet. Après un long moment d'attente, rien ne se passait ! C’était comme si le papillon abandonnait : le trou demeurait toujours aussi petit. On aurait dit que le papillon avait fait tout ce qu’il pouvait, et qu’il n'avait plus de force. Alors l’homme décida d’aider le papillon : il prit un canif et ouvrit délicatement le cocon. Le papillon sortit aussitôt, mais son corps était maigre et engourdi ; ses ailes étaient peu développées et bougaient à peine. L’homme continua à observer, pensant que, d’un moment à l’autre, les ailes du papillon s’ouvriraient et seraient capables de supporter le corps du papillon pour qu’il prenne son envol. Il n’en fut rien ! Le papillon passa le reste de son existence à se traîner par terrre avec son maigre corps et ses ailes rabougries. Jamais il ne put voler. Ce que l’homme - avec son geste de gentillesse et son intention d’aider - ne comprenait

Fleuris là où Dieu t'a planté - Jean-Claude

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A 10 ans, j'ai rêvé D'être de la race de ces chênes Qui sont la fierté de nos forêts. Un chêne aux larges bras Qui aurait bravé orages et tempêtes. Un chêne robuste et feuillu Qui serait le bienvenu Des aventuriers inconnus. Oui, j'avais rêvé d'être ce chêne Si vaste et si touffu Qu'un enfant pourrait s'y cacher Sans risquer d'être vu. A 20 ans, je rêvais d'être un peuplier Haut et droit au bord de la rivière. Un peuplier tout simple, Comme il en pousse dans nos vallées fertiles. Un peuplier planté au milieu d'autres arbres, Non plus unique en son genre, Mais un peuplier montant vers le ciel Où le vent fait chanter son feuillage. Je rêvais de ce peuplier fragile et frêle Mais aux racines profondes Qu'aucune bourrasque n'ébranle. Ainsi va la vie, les années ont passé. Du chêne au peuplier que je n'ai point été, Du chêne au peuplier je n'ai pas de regret. Ce que la vie m'a fait, je le découvre aujourd'

Accepter de vieillir - Guy Gilbert

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Nous vivions dans une société où la culture de la réussite est dominante. Le handicapé, le vieillard, le pauvre Nous gênent et nous embêtent. Seul ce qui est beau, ce qui est fort Et ce qui est compétitif est intéressant. Le reste ne compte pas, On refuse l’échec et la faiblesse. C’est pourquoi, quand la vieillesse vient Nous tombons de très haut ! Il faut accepter de vieillir, Alors la vie devient superbe. Accepter de vieillir, C’est se mettre une bonne fois pour toute Devant sa glace et se dire : « tes rides, tes poches, ton dentier, ton ventre, ton double menton, je m’en fous ! » Et on s’en fiche réellement ! On ajoute : « avec mes vieux os, Je vais enfin vivre pleinement ! » Bien vieillir, c’est vivre sa vieillesse dans le présent de chaque jour. La relation à l’autre change. L’ancien prend du poids et de l’autorité, Il regarde les événements avec un certain dépouillement. Parce qu’il va à l’essentiel. Il y a aussi une grande beauté à vieillir Devant l

Etincelle de lumière - Albert Schweitzer

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  A certains moments de notre vie, notre propre lumière s'éteint et se rallume par l'étincelle d'une autre personne. Chacun d'entre nous a des raisons de penser avec une profonde gratitude à ceux qui ont allumé la Flamme en nous.

Le silence, une attitude - Don Marcelino

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Il existe un silence au milieu du bruit, comme il existe une solitude au milieu même de la foule. Pourquoi l'homme n'entend-il pas la voix de la nature ? Parce que l'homme s'est éloigné du coeur de la nature qui est aussi son propre coeur. Et quand il se retrouve seul, il se parle à lui-même et ce verbiage intérieur, ce bruit perpétuel couvre la musique de l'univers dans lequel il est plongé. L'écoute véritable suppose le silence. La relation véritable suppose la solitude. Seul le solitaire peut entrer véritablement en relation avec son prochain. Seul le silencieux peut percevoir la voix de l'amour. Le silencieux est un amoureux du silence, Non du silence continu qui devient mutisme, mais de cette qualité de silence sur laquelle la parole vient s'inscrire comme le dessin sur une feuille blanche. Le silencieux est un amoureux de la solitude, non de cette solitude qui devient isolement, mais de cette qualité de solitude sur laquelle

Bombe ou charité ? - Raoul Follereau

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  - à propos de la bombe atomique dans les années quarante... (mais aussi peut-être aussi pour nos autres "bombes" d'aujourd'hui ?) Au moins maintenant, c'est simple, et il n'y a plus de place pour ceux qui tergiversent ou temporisent... Aujourd'hui, il faut choisir, tout de suite et pour toujours. Ou les hommes vont apprendre à s'aimer, à se comprendre et où l'homme enfin va vivre pour l'homme... ou bien les hommes disparaîtrons tous, et tous ensemble... Pourtant tout cela se trouvait dans la création... Dieu a permis que l'homme apprit à désagréger l'atome, et l'a laissé libre d'en faire ce que lui conseillait son cœur. Si l'homme le veut, c'est à son service une source inépuisable d'énergie et de chaleur : Bientôt, plus personne n'aura froid, plus personne n'aura faim. Mais si l'homme le veut aussi, c'est la disparition de l'espèce humaine ! Sur l'arbre de la science

Aimer, c'est vivre ! - Robert Guelluy

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Le plus grand dénuement de l'homme est de n'avoir personne à aimer, et n'être pas aimé. Pour le croyant, l'amour est quelqu'un, à l'affection inépuisable pour nous, et qui nous appelle à l'aimer sans mesure : c'est ainsi que le croyant, le vrai, est comblé d'amour. Pour le croyant, aimer c'est vivre, c'est donner et recevoir sans calcul, voir toutes choses, nous voir avec les yeux de Dieu : ainsi, nos déficiences nous imposeront les réformes nécessaires.  C'est être capable d'aimer vraiment dans le désintéressement, d'une affection qui n'assujettisse pas ceux que j'aime mais qui au contraire les fasse eux-mêmes, les fasse ce que Dieu veut.  C'est aussi savoir aussi accepter d'être aimé. ___________________________ - "A l'écoute de Dieu" - Castelman 1965 -  

Les lentilles - Diogène d'Apollonie

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Un jour, le philosophe grec Aristippe, qui menait une existence confortable parce qu'il adulait le roi, aperçoit Diogène, philosophe, en train de manger des lentilles pour souper. Il lui dit : "Si tu apprenais à ramper devant le roi, tu n'en serais pas à manger des déchets, comme ces lentilles." Diogène lui répondit : "Si tu avais appris à manger des lentilles, tu n'aurais pas à aduler le roi pour te nourrir."

Irriguer nos déserts - Xavier Camby

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  Par une astuce étonnante de la nature même de l'amour authentique, nous ne pouvons pas aimer à sens unique, nous ne pouvons pas aimer tout seul, dans notre coin ! L'amour se reçoit d'abord, puis se donne... C'est un flux. Pas de stockage possible ! Pas de mise en conserve ! L'amour s'écoule, fécondant tout sur son passage, irriguant tous nos déserts, humidifiant nos sécheresses, hydratant nos oasis, contournant nos barrages, et déjouant chacune de nos captations ego centrées ou égoïstes !

Citation : L'amour - Pierre Teilhard de Chardin

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L'amour est la plus universelle, la plus formidable et la plus mystérieuse des énergies cosmiques. ________________________

Être en lien - Christian Bobin

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Je suis un jour entré dans un lien où chaque parole de l'un était recueillie sans faute par l'autre. Il en allait de même pour chaque silence. Ce n'était pas cette fusion que connaissent les amants à leurs débuts et qui est un état irréel et destructeur. Il y avait dans l'amplitude de ce lien quelque chose de musical et nous y étions tout à la fois ensemble et séparés comme les deux ailes diaphanes d'une libellule. Pour avoir connu cette plénitude, je sais que l'amour n'a rien à voir avec la sentimentalité qui traîne dans les chansons et qu'il n'est pas non plus du côté de la sexualité dont le monde fait sa marchandise première, celle qui permet de vendre les autres. L'amour est le miracle d'être un jour entendu jusque dans nos silences, et d'entendre en retour avec la même délicatesse : la vie à l'état pur, aussi fine que l'air qui soutient les ailes des libellules et se réjouit de leur danse.

Parabole : Un sac trop lourd - Anonyme

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Un jour, un homme revient du travail et il trouve un énorme sac de pommes de terre qui gêne le passage à l'entrée de sa maison. Son petit garçon est là, tout content d'accueillir son papa  mais le sac est en travers, bien plus gros que l'enfant.... Le père dit à l'enfant : « Déplace le sac, pour que l'on puisse ouvrir complètement la porte !  " Le petit tente de bouger ce sac, mais il n'y arrive pas « Je ne peux pas, papa, c'est trop lourd ! » - Si, tu le peux, lui répond son père, allez, déplace le sac ! » L'enfant essaie à nouveau, mais ne réussit toujours pas à bouger  l'énorme sac d'un seul millimètre. « Je ne peux pas, papa », se plaint-il à nouveau. - « Si, tu peux ! », insiste le père. L'enfant fournit un dernier effort, mets tout son poids pour tenter de déplacer le sac, en vain ! « Papa,  j'ai essayé de toutes mes forces, j'ai vraiment fait tout mon possible, mais ce sac est vraiment trop lourd p