Texte : La fillette aux vieux os – Jean Rodhain
Elle ramassait les vieux os. Elle ne savait ni lire ni écrire. Elle n’avait même pas fait sa première communion. Elle ignorait le catéchisme, car sa famille trop pauvre, en avait besoin pour chercher le bois en forêt et pour garder les trois autres à la maison. Maison, c’est une façon de parler car, après cent misères, leur logis n’était justement qu’un cachot désaffecté tant il était insalubre : les quatre enfants habitaient ce cachot avec la mère et le père. Ce père, afin de laisser aux siens un peu de pain, demeurait parfois au lit pendant les heures du jour pour supporter en silence la faim canine qui le tenaillait. Jean-Marie, le plus jeune des enfants, fut un jour surpris à l’église grattant les bavures de cire des cierges pour apaiser sa faim . C’est de ce « bouge infect et sombre » que cette gamine sortit un matin pour aller vers la forêt chercher du bois, et quelques os, pour les revendre à Alexine Baron, la chiffonnière du pays. Elle revint au cachot avant