Texte : Marins pêcheurs - Xavier Grall

Sept marins concarnois sont morts au large de Pointe Noire.
Perdus, disparus, disloqués, broyés.
Finis.
Ceux-là ne verront plus la maison blanche à la proue de leur terre.
Finis, disparus.
Naufragés...

Je connais ce peuple.
Ses joies brillantes, ses peines muettes.
Touristes qui passez par Trégunc, Trévignon, Moëlan, Doélan,
s'il vous plaît, ne cherchez pas les masures pittoresques.
Les marins les ont désertées.
Leurs demeures sont de ce temps,
comme est de ce temps leur amour de la vie.

Et ramassez vos appareils photos :
Vous blesseriez ces hommes à les prendre pour des êtres de l'âge de pierre.
Ils sont d'aujourd'hui.
Seule, éternelle, la dureté de leur existence.
Comme le bruit de la mer dans le rideau des fenêtres.

Vous verrez tout à la télé,
hormis les heurs et les malheurs de tant de matelots,
de tant de capitaines. ...

C'est faire injure à ceux qui affrontent et la lame et le vent
que de ne voir l'océan que par la lorgnette de la régate et de la course.
Foin de vedettes. La mer n'est pas aux cabotins.
Elle est aux hommes. ...

Je me tais. Pas de littérature.
Une prière seulement pour ceux-là qui allaient prendre un verre
au caboulot de Fine-Jeannie à Trégunc, avant de s'embarquer.
Tout simplement... comme s'ils allaient au marché...
Au marché des corps et des biens.
Perdus...

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