Texte : Oser parler – Jeanne Signard

Entre ce que je pense,
ce que je ressens
et ce que je vais dire,
il y a le discernement de ce qu’il convient que je dise
dans le respect de moi-même et des autres.

Vais-je ouvrir, ou entrouvrir les barrières de mon jardin secret ?
N’en ai-je pas perdu les clefs ?
Si je "prends la parole" trop vite, là sur le chaud,
n’est-ce pas plutôt la parole qui va me prendre
et m’emporter au-delà ou à côté de ma pensée ?
Et avant de parler, vais-je trouver les mots pour le dire ?

Certaines personnes ne peuvent penser qu’en parlant.
On les appelle des verbomoteurs.
D'autres ne peuvent parler qu’après avoir donné forme à leur pensée.
Certains verbomoteurs feraient bien d’en profiter aussi
pour ajuster leur parole à leur pensée
et ainsi éviter les diarrhées verbales
qui trop souvent polluent la conversation
et confisquent tout le temps de parole.

Sans compter que ce manque de contrôle
peut laisser s’échapper une parole inconvenante
qui conduit souvent son auteur à s’en mordre les doigts.
Parfois nous aimerions pouvoir dire avec le psalmiste :
"Mes pensées n’ont pas franchi mes lèvres." (ps 16,3)

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