Texte : A vous, Madame ! - Bernard Devert




A vous, Madame, touchée par l’âge, l’isolement
et le manque de ressources,
logée dans un immeuble sans ascenseur,
alors que vous êtes confrontée à une perte d’autonomie.
Souvent, vous ne dites rien, vous tentez de survivre.
Si, par chance, quelqu’un sonne à votre porte,
vous l’ouvrez, non pour faire entendre des propos amers,
mais une sagesse bienveillante.

A vous, Madame, qu’on nomme la mère célibataire,
non par choix mais pour avoir été abandonnée.
Aux ruptures affectives blessantes,
s’ajoutent l’inquiétude pour votre enfant,
la recherche d’un logement décent
et celle d’un travail compatible avec votre rôle de mère.

A vous, Madame qui, pour vivre et faire vivre,
acceptez des ménages.
Vous intervenez dans les entreprises quand les autres s’arrêtent.
Condamnée à des heures nocturnes
ou à celles de l’aube pour ne point déranger,
vous devez penser que vos conditions de travail
pourraient être différences aux fins de vous éviter
des horaires impossibles et inadéquats
avec ceux des transports en commun.

à vous, Madame, qui avez dû vous sauver
pour que votre vie soit respectée, ou simplement protégée,
comment ne pas vous exprimer notre demande de pardon
pour cette part manquante à l’hospitalité espérée.

Oui, votre courage à toutes devrait nous donner
l’audace d’être à vos côtés pour avoir choisi le parti de la vie.


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