Texte : La casse ? J’y crois pas… - L. Rolu

Le long des trottoirs, sur les plages, dans les coins,
Des automobiles abandonnées…
Des ailes brisées, des châssis cassés,
des monteurs enfoncés,
Des portières démontées,
des coussins éventrés, des roues enlevées.

D'autres bagnoles ont encore un petit air de fierté,
mais elles sont finies, terminées, usées.
A I’Argus, elles ne sont plus cotées .
Le garagiste a déclaré :
«  Inutile de réparer, rien de bon à récupérer. »
Le contrôleur de l’assurance a déclare :
« ça ? = Une épave ! »
Les épaves attendent… attendent qu’on les ramasse,
Qu’on les entasse… pour la casse, la grande casse.

Les gens ont dit : « Ce gars-là ? c’est un fainéant,
Il finira en prison. En lui… rien de bon, c’est une épave ! »

Le Christ a dit : « Les épaves ? Connais pas !
Les gens perdus, çà n’existe pas.
Il y a toujours un truc à récupérer,
il y a toujours une valeur cachée,
Il y a toujours sous la rouille,
une partie de vie humaine qui est propre et saine.
C’est pour récupérer ce qui état perdu que je suis venu.

La casse ? J’y crois pas. Je connais trop les hommes,
J’aime trop les hommes pour laisser faire ça.
Je sais bien, la récupération, c’est à la mode
mais c’est pas commode,
C’est un travail lent, on s’écorche souvent.
Ca demande beaucoup d’effort,
et surtout beaucoup d’amour.
Moi, pour ce travail-là, j’ai donné ma vie !

Demandez au bon larron :
des gens intelligents nous ont jugés, lui et moi :
Bons pour la croix !
Sur le Golgotha, je vous prie de croire,
c’était la grande casse !

Moi, la casse, j’en fais du neuf, du vrai neuf,
Du flambant neuf, un neuf qui dure toujours.
On appelle çà Pâques ou la résurrection ou le renouveau.
Moi, les mots… ça m’est bien égal !
La casse, j’ crois pas.
C’est pour récupérer ce qui était perdu que je suis venu...


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