Cri de pauvre : Françoise et la solitude - Véronique Margron

La solitude est ombre et lumière malédiction et bénédiction.
Grâce à elle, nous pouvons nous recueillir en nous-mêmes
pour nous sentir vivants et désirant ;
mais à cause d'elle, le sentiment d'être laissé à l'abandon
peut nous guetter...
Je peux être seul et exister pour d'autres,
je peux aussi être en société et n'exister pour personne...

Pour Françoise, la solitude est cette terrible douleur
du sentiment de désolation.
Quand il n'y a plus de compagnons de route,
collègues de travail, amis, voisins,
avec lesquels elle peut agir, construire un destin...

Porteuse d'un lourd handicap psychique,
Françoise ne voit plus du tout
en quoi sa place est attendue, reconnue.
Elle se vit comme un poids, rien d'autre.
La désolation qu'elle ressent est ce sentiment
de ne plus compter pour personne,
expérience tragique de déracinement du monde des humains...

Dans sa solitude, la peine insondable de Françoise
est de sentir qu'elle n'est plus attendue.
Qu'elle vive ou qu'elle meure,
y a-t-il encore quelqu'un à qui cela ne sera pas indifférent ?
C'est comme si son nom lui-même lui était enlevé.

Etre alors juste là, avec persévérance,
et refuser que sa vie m’indiffère.
Espérer être un socle pour qu'un jour Françoise reprenne pied
dans notre commune histoire et s'y sentir estimée.
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- Lu dans Panorama -


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