Texte : Le bonheur est insouciant - Bertrand Vergely

Le bonheur est insouciant.
Comment pourrait-il en être autrement ?
Quand on est heureux, on ne pense à rien.
Ou bien on n'est pas heureux et on ne le sera jamais.

L'état heureux ne supporte pas le moindre recul
ni le moindre partage avec quoi que ce soit.
Pour tout donner, il exige que l'on donne tout,
le bonheur résidant dans ce don.
Divin oubli de soi.

Difficile au demeurant.
Car il signifie que pour être heureux
il faut l'être deux fois, voire trois.
Il faut d'abord savoir être heureux
en accueillant le bonheur que la vie donne.
Il faut également savoir aussi s'abandonner
à ce bonheur en s'y livrant totalement.
Ce qui est du grand art.
La sagesse orientale s'y emploie
en enseignant à lâcher prise.
La mystique d'Occident parle, elle d'abandon.
Dans tous les cas, la leçon est belle. ...

Toutefois, si le bonheur est insouciant,
tout ce qui est insouciant n'est pas forcément heureux.
Il existe une fausse manière de se détacher du monde,
qui consiste à se moquer de tout.
Esprits irresponsables refusant d'assumer
leurs actes dans l'existence,
ils comptent sur un miracle, le hasard, la bonne fortune,
la bonne volonté d'autrui pour pouvoir se tirer d'affaire. ...

La providence existe,
mais pas sous la forme que l'on imagine souvent.
Ainsi, il est providentiel que les hommes soient seuls,
livrés à eux-mêmes.
c'est ainsi qu'ils deviennent des adultes
responsables, libres et créateurs.

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