Texte : Dieu, première victime du mal - Maurice Zundel

Querência, parte de mim
- Photo "Querência, parte de mim" de Eduardo Amorim -

Comment la joie peut-elle éclater
au sein de la tribulation
et pouvons-nous, aujourd'hui,
dans ce monde déchiré,
nous livrer à la joie,
l'hommage le plus essentiel de notre foi
en réponse à la tendresse de Dieu ?

C'est que derrière l'épreuve il y a l'Amour.
Que veut dire le signe de la Croix
sinon que Dieu meurt d'amour
pour ceux-là même qui refusent de l'aimer,
qu'au fond de toute réalité,
derrière toutes les catastrophes,
il y a l'Amour, et davantage,
que dans le mal, Dieu a mal.

La réponse chrétienne, c'est d'abord
de montrer que le mal est infini,
que, pour le comprendre,
il faut lui donner des dimensions proprement divines.
Le mal est finalement le mal de Dieu.
Mais si c'est Dieu qui a mal,
au cœur du mal, il y a donc cet Amour
qui ne cessera jamais de nous accompagner.
Davantage, il sera frappé
avant nous, en nous et pour nous.

Cela apparaît possible
dès que l'on se souvient de l'amour des mères.
Une mère en pleine santé
peut vivre la maladie de son enfant
plus douloureusement que lui-même,
en raison même de cette identification d'amour
dont son amour est capable.
Comment voulez-vous
que l'amour de Dieu soit moins maternel ?

C'est pourquoi aucun être n'est frappé
sans que Dieu le soit en lui, avant lui,
plus que lui et pour lui.
Mais si le mal a cette dimension,
alors il y a une blessure divine
qui ne cesse de solliciter notre générosité ».

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