Texte : Partir... - Anselm Grün

Tout départ fait d'abord peur,
car l'ordre ancien, familier, doit être rompu.
Et tandis que je le romps,
je ne sais pas encore ce qui va m'advenir.
Cet inconnu suscite en moi
un sentiment d'angoisse.

En même temps, il y a dans le fait de partir,
de se remettre en route, une promesse,
la promesse du neuf,
du jamais vu, du jamais vécu.
Qui ne se remet pas constamment en route,
sa vie se sclérose.
Ce qui ne change pas vieillit
et devient étouffant.
Il y a en nous de nouvelles possibilités de vie,
qui veulent se faire jour.
Mais elles ne le peuvent
que si les schémas anciens sont défaits...

Nous ne cessons d'éprouver cette ambivalence.
Nous ne sommes pas satisfaits
de ce que nous vivons dans l'instant présent,
mais nous avons peur du départ,
de la rupture avec nos habitudes,
d'une révolution intérieure et extérieure.
Pourtant, nous ne connaîtrons la vie
que si nous sommes prêts
à nous remettre sans cesse en route...

Aujourd'hui, l'atmosphère générale
tend plutôt au renoncement résigné,
à l'apitoiement sur soi-même,
à la déprime, à la plainte.
On préfère déplorer
que tout soit tellement difficile
et que, c'est comme ça,
on ne peut rien y faire...

Rompre les barrages intérieurs.
Passer de la fermeture à la disponibilité.
Abandonner les vieilles habitudes
et les avoirs anciens.
Cela nous ouvre la possibilité de partir
vers de nouveaux modes de vie,
vers d'autres phases de notre existence.

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