Les plus pauvres sont nos maîtres - Gilles Rebêche

 


Les plus humbles et les marginaux m'ont enseigné l'espérance.
J'ai souvent été en admiration devant leur persévérance :
ils encaissent des coups et malgré tout tiennent bon,
et continuent à avoir des projets.

Ils son très sensibles à l'expérience de la croix du Christ :
ils traversent des épreuves, sont disqualifiés,
mais la misère n'a pas le dernier mot dans leur vie.

Dans l’Église, "le pauvre est notre maître" disait saint Vincent de Paul.
Quand le Christ proclame "Heureux les pauvres de cœur,
car le royaume des Cieux est à eux" (Mt 5,3),
il indique que nous ne devons pas nous installer en hommes satisfaits.

Heureux sommes-nous si nous sommes humbles,
car nous reconnaissons alors
que nous sommes plus "éclopés" que "en règle",
et que nous devons toujours nous mettre en route pour chercher la sainteté.

La richesse nous renferme et nous mène à la peur de manquer.
A l'école des plus humbles, nous découvrons nos propres fragilités ;
ainsi, nous ne nous suffisons pas à nous-mêmes
mais avons besoin des autres et de Dieu.
Or, apprendre à recevoir est plus dur qu'apprendre à donner.
Enfin, en contemplant nos limites, nous comprenons la patience de Dieu,
qui ne se lasse pas de croire en nous.

Dans l’Église, nous devons nous convertir
en quittant la posture consistant à faire des choses "pour" les personnes,
mais apprendre à œuvrer "avec" elles, à partir d'elles et de leurs talents.
Cessons de réduire autrui à un objet de compassion,
reconnaissons-le "sujet de la foi".

Un jour, une dame africaine qui était en demande d'asile politique,
est venue à l'accueil ; sans réfléchir, on lui a parlé de la banque alimentaire.
Elle est partie en pleurs : ce qu'elle voulait, elle,
c'était offrir de son temps pour la chorale et la catéchèse...

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