Questions de temps – Amarik

« Vite ! » - « Pas l’temps ! » -«  Dépêche-toi ! » - « C’est pas l’moment »…
Suis-je esclave du temps ?  -- Non si je comprends tout ce qu’il est vraiment :
Non pas seulement une somme de minutes, d’heures ou d’années
Qu’on cherche constamment à compresser pour plus de rentabilité,
Mais tellement plus, tellement mieux, au point qu’il peut mener jusqu’à l’éternité.

Quand il m’arrive de lâcher prise, et de remettre le temps en perspective,
Alors je peux découvrir l’attente féconde qui aboutit au moment ajusté :
Comme ces neuf mois de présence inaccomplie en la mère,
Et son attente patiente, paisible et confiante du trésor annoncé, 
Jusqu’à l’incroyable arrivée, enfin, de la merveille du monde !

Le temps devient alors un début, une genèse, un projet, un avenir,
Une espérance, parfois déçue, mais toujours renouvelée,
Un don total, jusqu’à l’oubli de soi si léger à porter, un objectif unique :
L’avenir offert, inconnu car donné, jusqu’à l’accomplissement d’une autre réalité.

Qu’est-ce que le temps présent, alors ?
Pas du tout ce moment impossible à cerner, coincé entre passé et avenir,
Mais plutôt un quotidien intense et courageux, dans la simplicité ou la difficulté,
Ou peut-être une succession d’âges, de saisons, de moments,
Intenses ou bien futiles, réguliers tels les anniversaires, les fêtes de fin d’année,
Ou temps inattendus, quelle que soit la durée : cadeaux inespérés...

Le temps n’est pas que mesuré au nombre de minutes, de jours ou bien d’années,
On en retient bien mieux la forte intensité,
et ensuite on le date pour mieux se le rappeler.
Le temps de la mémoire est bâtisseur d’histoire,
de la civilisation, et de la transmission.
Mais aussi de conscience, d’intelligence et de sensibilité.
Et l’homme devient  ainsi capable de dépasser son animalité :
Instinct, envies, besoins, avoirs, passions…  sont rationalisés.

Le temps ainsi compris peut devenir « présence »,
Présence active et qui féconde, en soi-même ou en l’autre.
C’est l’heure de la fraternité, de la solidarité, de l’amour, de l’amitié.
Un moment du temps transformé, un temps qui peut durer…
Même quand l’être aimé n’est pas à nos côtés…
C’est une heure qui dure, parfois, toute une vie, et même bien au-delà.

Quand le Divin nous touche, nous transforme, nous retourne…
Alors, c’est le début de la grande mutation, c’est la métamorphose, 
L’éternité du temps touche alors tout notre être,
Et voici l'expérience de la présence divine, constante, et apaisée.
Voici l’heure du repos, du fardeau allégé, chemin vers l’infini à peine commencé,
Celle de la Grande Rencontre qui envahit le temps,
L’heure qui dure et dure encore, la « présence constante »,
Voici « l’heure d’éternité » que tant et tant de gens ont toujours recherché !

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