Texte : Faux semblant - Maurice Bellet

Sous prétexte de résistance à l'esprit du monde,
on peut très bien s'enclore dans une espèce de «bulle»,
ou de clan religieux
où l'on se tiendra à l'écart des préoccupations sociales,
de la rencontre entre la religion et la psychologie, la psychanalyse,
à l'abri de toute confrontation avec la critique...
considérant tout cela comme dépassé.

Or, en demeurant bien au chaud dans une prière,
une paix et une joie superficielles,
on ne fait que conforter le monde
dans ses aspects les plus redoutables.
Tel le règne féroce de l'économie et de l'argent
récapitulé dans cette maxime :
«Si Dieu est Dieu, les affaires sont les affaires...».

On se tient alors dans une dépendance absolue
vis-à-vis du système en place,
et c'est l'illusion la plus totale.

L'attitude inverse consiste selon moi
à risquer l’Évangile dans la confrontation la plus rude,
la plus dangereuse avec la réalité de ce monde.
En repérant d'abord où est le «lieu du combat».

Je pense ici à l'exclusion comme à l'un de ces fléaux modernes
contre lesquels il importe, en humain et en chrétien, de se situer.
Cette tendance à exclure l'autre
qui a pu conduire un financier à asséner :
«L'Afrique est un continent de trop» !

Qu'on ne s'y trompe pas, le lieu de l’Évangile,
c'est bien pourtant l'homme et l'humanité
dans ce qu'elle a de plus radical.
Celle qui se révèle en intervenant, par exemple,
dans les domaines de l'engagement social, de la politique,
de l'art, de la science, de la philosophie, de la psychanalyse...

Commentaires