Être père - d'après Jacques Philippe


Nous vivons dans un monde où il y a un immense besoin de paternité car on a rejeté, voire tué le père : la position du père est devenue fragile car souvent soupçonnée, contestée, déstabilisée. Or ce qui manque le plus aujourd’hui, ce sont des pères véritables : ni des leaders, ni des démagogues, ni des flatteurs, ni des copains, mais de vrais pères : 

La paternité est facilitée par un amour inconditionnel des parents l’un pour l’autre, une miséricorde sans limite, un accueil absolu de l’autre quelles que soient ses limites et ses défaillances. Les femmes, les mamans doivent aider leur conjoint à être père ; ils ont besoin d’être encouragés car c’est une tâche difficile.   

Être père, ce n’est pas exercer une autorité, un pouvoir, mais c’est se vider de soi-même pour exister en plénitude et aimer inconditionnellement son enfant, quel qu’il soit.

Le père a toujours un regard d’espérance sur son enfant. Il croit en lui, même quand celui-ci ne croit plus en lui-même. Il a une attention particulière pour les pauvres, les blessés ou les plus fragiles. Il exerce une patience sans limite fondée sur l’espérance. Le père n’a pour personne un regard de mépris, de dureté ou de rejet. La douceur bienveillante et patiente est la valeur fondamentale de la paternité.  

La paternité, c’est aussi être témoin d’une parole qui n’écrase pas mais qui fait grandir et qui libère : celle qui rend capable de la transmettre, de communiquer une exigence de vérité qui trace pour l’autre un chemin de conversion, d’amélioration, de croissance et de vie. 

Être père, c’est aider l’autre à ne pas se laisser enfermer : dans ses ambiguïtés, ses attentes stériles ou infantiles, ou encore ses limites pour accueillir le réel et la vie telle qu’elle est. 

Être père c’est celui qui encourage à reconnaître les appels de Dieu à devenir ce que l’on est vraiment, à devenir libre, à grandir, à devenir adulte. 

Le père exerce à la fois une miséricorde sans limite mais en même temps une parole qui aide l’autre à sortir de lui-même pour grandir véritablement et devenir adulte. 

Le père communique à l’autre cette sécurité intime si nécessaire et si précieuse qu’on ne peut trouver nulle part ailleurs, car chacun de nous a un grand besoin de sécurité réelle. Or, on possède cette sécurité par une certitude absolue d’être aimé et de pouvoir aimer de manière authentique. Quand on porte en soi cette certitude, on est assuré de la valeur de sa vie, de sa personne, et on peut avancer avec confiance. 

Il ne suffit pas donner de l’amour à un enfant mais il faut aussi lui apprendre à aimer à son tour, à être généreux, à faire des sacrifices parfois pour les autres, à s’oublier lui-même pour le bien d’autrui. Celui qui n’a pas encore expérimenté cela, choisira plutôt de combler l'enfant d’amour, de cadeaux, de jouets et de gadgets, faute d'avoir connu cette sécurité intérieure ressentie quand on a appris à savoir recevoir autant que donner de l’amour à l’autre.

Voilà le rôle du père, lui donner cette sécurité : " tu es mon enfant bien aimé quoi que tu fasses ; mais je te communique cette parole de vie qui te fait grandir pour que tu ne restes pas bébé ou ado infantile, mais pour que tu deviennes un adulte capable de générosité pour autrui, en toute gratuité ".

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