Texte : Inconnus mais pas étrangers - Yvon Le Men

Mali, West-Afrika, jan./febr. 2008

Depuis longtemps nos langues nous séparent
malgré les montagnes, les plaines, les rivières
que nous avons grimpées, traversées, longées.
Depuis longtemps nos dieux nous séparent
malgré le désert, le ciel et la mer que nous avons priés.

Le pommier est-il l'étranger du pin, l'oranger celui du chêne
Le reflet du peuplier dans la rivière de Castille
est il plus clair que celui du bouleau dans un lac en Finlande ?
La neige qui tombe à Odense au Damemark le jour de Noël
est elle plus blanche que celle qui tombe
des rêves du Touareg à Bamako, le jour de l'Aïd ?

La lune que je contemple ce soir dans l'hémisphère nord
est elle plus ronde que celle que l'on ne voit pas ce soir dans I'hémisphère sud ?
Depuis longtemps nos langues nous attirent grâce aux pains,
aux chants que nous partageons autour de la même table

Et la main qui m'ouvre le chemin dans ces pays où je me perds
m'est plus proche que celle qui menace dans mon pays où l'on se perd,
dès que, de l'autre côté de la route qui relie nos villages, nos quartiers...
dans notre ville,  notre pays, ils font de l'inconnu, un étranger.

Commentaires